Développement affectif de l’enfant
Si nous développons (et affinons) nos émotions durant l’ensemble de notre vie, l’enfance et l’adolescence jouent un rôle crucial dans l’ancrage de la compréhension et l’expression de nos émotions. Cet ancrage est important car la manière dont nous gérons nos émotions et nos sentiment détermine notre inclusion dans un environnement social codifié.
Qu’appelle-t-on le développement affectif ?
Le développement affectif couvre (1) la compréhension, (2) la gestion et (3) l’expression de nos émotions et sentiments. Bien gérer ses émotions et sentiments permet de mieux s’insérer dans notre environnement social et par conséquence de satisfaire à nos besoins primaires (intellectuels, affectifs, sociaux, …)
Le saviez-vous ? Une émotions est une réaction corporelle (physiologique) de courte durée – quelques minutes – alors que qu’un sentiment est une construction mentale qui dure dans le temps.
Si cette article décrit les différentes étapes de développement durant l’enfance, le développement affectif ne s’arrête pas à l’enfance. Nos premières étapes de vie nous apportent un certain nombre de clés de lecture qui seront utilisées par la suite. Notre vie d’adulte vient compléter notre compréhension et notre expression.
Les émotions
Les émotions sont des réactions immédiates du corps à certaines situations externes. Elles entrainent une réponse non-contrôlable comme le rougissement, les montées de chaleur, l’accélération du coeur ou une respiration modifiée.
Les émotions classiques incluent par exemple :
- la peur
- la joie
- la sérénité
- la colère
Les sentiments
Les sentiments durent plus longtemps que les émotions et sont des constructions mentales qui évoluent dans le temps. Les sentiments souvent cités incluent :
- le bonheur
- l’amour
- la confiance
- la méfiance
- l’insécurité
Les émotions et les sentiments se nourrissent entre eux. Vous le savez d’ailleurs instinctivement en tant qu’adulte. Un sentiment peut produire chez vous une émotion. Pensez à l’amour qui accélère les battements de votre coeur par exemple. A l’inverse, une émotion peut faire remonter à la surface un sentiment. Un peu comme un parfum ou une musique vous rappelle un sentiment spécifique.
Quels sont les âges associés à certaines émotions ?
Les émotions ne se développent pas toutes au même âge. Elles sont habituellement classées en 3 groupes : (1) les émotions primaire, (2) les émotions secondaires et (3) les émotions secondaires comprenant des règles spécifiques.
Les émotions primaires apparaissent entre la naissance et les 1 an. Elle concernent ce que l’on appelle les émotions universelles (la tristesse, le dégoût, la joie, la peur, la colère et la surprise).
Puis viennent les émotions secondaires, entre un an et demi et deux ans. C’est l’âge où les enfants prenne conscience du fait qu’ils sont une personne à part entière. Apparaissent alors les émotions liées à la confiance en soit et à la jalousie.
Enfin, à partir de 3 ans, les enfants expriment des émotions secondaires plus complexes. Ces nouvelles émotions sont empruntes du cadre social dans lequel nos enfants évoluent. Il s’agit par exemple de l’embarras ou de la fierté.
2 écoles du développement psychosocial
2 théories se partagent habituellement la scène du développement psychosocial; Henry Wallon et Erik Erikson.
Henry Wallon sépare le développement intellectuel du développement émotionnel. Selon son approche, des stades intellectuels et émotionnels se succèdent lors du développement de nos enfants. On retrouve par exemple les stades impulsifs et émotionnels et les stades sensori-moteur et projectif.
Pour Erik Erikson, le développement psychosocial s’inscrit dans une théorie psychanalytique intégrale qui implique des stades clairement définit de développement (8 étapes au total). Chacune de ces étapes implique une phase de crise qui permet, suite à sa résolution, de passer à l’étape suivante. Les types de phases mises en avant par Erikson couvrent par exemple : la confiance/méfiance, l’autonomie/la honte/le doute ou l’initiative/la culpabilité.
Les étapes principales du développement affectif
L’enfance est une étape cruciale permettant d’assurer une stabilité sociale future. De nombreuses étapes du développement de nos enfants montrent cet apprentissage (ex. l’attachement, l’angoisse de la séparation, …).
Les étapes du développement affectif ont été décrites par de nombreux auteurs. Plutôt que de ré-inventer la roue, vous trouverez ci-dessous une liste de différents stades selon Saarni (2000, p. 74 et 75). © 2000 Jossey-Bass.
Âge | Régulation/ adaptation | Comportement expressif | Établissement de relations |
De 0 à 12 mois | – Auto-apaisement et apprendre à moduler la réactivité. – Régulation de l’attention pour favoriser la coordination des actions. – Dépendance envers les fournisseurs de soins pour recevoir du soutien en situation stressante. | – Synchronisation des comportements avec ceux des autres dans certaines voies d’expression. – Augmentation de la discrimination à l’égard des expressions des autres. – Une réceptivité expressive croissante face aux stimuli qui sont sous un contrôle dépendant. – Coordination croissante entre les comportements expressifs et les situations qui provoquent des émotions. | – Jeux sociaux et activités qui se font à tour de rôle (p. ex., faire coucou). Référence sociale. – Usage de signaux socialement instrumentaux (p. ex., faire semblant de pleurer pour obtenir de l’attention). |
De 12 mois à 2 ans et demi | – Émergence de la connaissance de soi et de la conscience de sa propre réaction affective. – Irritabilité due aux contraintes et aux limites imposées malgré l’autonomie grandissante et les besoins d’exploration. | – Autoévaluation et conscience de soi évidentes dans les comportements expressifs accompagnant la honte, la fierté et la timidité. – Meilleure compréhension verbale et production de mots croissante décrivant les comportements expressifs et les états affectifs. | -Anticipation de différents sentiments envers différentes personnes. -Augmentation de la discrimination envers les émotions des autres et leur importance. Premières formes d’empathie et d’action prosociale. |
De 2 à 5 ans | – Accès symbolique qui facilite la régulation des émotions, mais les symboles peuvent aussi causer de la détresse. – Communication avec les autres permet à l’enfant d’évaluer plus en profondeur ses propres sentiments et les événements qui provoquent des émotions, et d’en être plus conscient. | – Simulation de comportements expressifs dans le jeu et les taquineries. – Conscience pragmatique que les « fausses » expressions faciales peuvent induire en erreur quant aux sentiments d’une personne. | – Communication avec les autres permet à l’enfant d’améliorer sa compréhension des transactions sociales et des attentes en ce qui a trait au comportement. – Comportement prosocial et compatissant envers les pairs. Plus grande facilité à reconnaître les émotions des autres. |
De 5 à 7 ans | – Émotions liées à la conscience de soi (p. ex., embarras) sont ciblés pour la régulation. – La recherche du soutien des fournisseurs de soins constitue encore une stratégie d’adaptation importante, mais l’augmentation du recours à la résolution de problème situationnelle est évidente. | – Affichage d’une façade calme sur le plan affectif en présence des pairs. | – Coordination croissante des aptitudes sociales entre leurs propres émotions et celles des autres. – Compréhension précoce des « scénarios émotifs » convenus par consensus. |
De 7 à 10 ans | – La résolution de problème est adoptée comme première stratégie d’adaptation si le niveau de contrôle est au minimum modéré. – Utilisation de stratégies de distanciation si le niveau de contrôle est jugé faible. | – Compréhension des normes en ce qui a trait aux comportements expressifs, qu’ils soient réels ou simulés. – Adoption de comportements expressifs pour moduler les dynamiques relationnelles (p. ex., sourire tout en faisant des reproches à un ami). | – Conscience des nombreuses émotions ressenties envers une seule personne. – Utilisation de diverses périodes de temps et de renseignements personnels uniques sur l’autre pour faciliter le développement d’ amitiés étroites. |
De 10 à 13 ans | – Une précision croissante dans l’évaluation du niveau de contrôle réel en situation stressante. – Aptitude à envisager diverses solutions et stratégies différenciées pour gérer le stress. | – Distinction entre le fait d’exprimer ses vraies émotions avec les amis proches et de les contenir avec les autres. | – Plus grande sensibilité sociale et conscience à l’égard des « scénario » émotifs et des rôles sociaux. |
13 ans et plus | – Conscience de ses propres cycles d’émotions (p. ex., se sentir coupable d’être en colère), qui facilite l’adaptation intuitive. – Intégration croissante d’un caractère moral et d’une philosophie personnelle dans la façon de gérer le stress et prendre des décisions subséquentes. | – Adoption habile de stratégies de présentation de soi qui permettent la gestion de l’impression. | – La conscience que la communication mutuelle et réciproque des émotions a une influence sur la qualité des relations. |
Comment aider nos enfants à se développer ?
Le groupe Naître et Grandir met systématiquement en avant une approche basée sur 3 étapes : Réconforter, Jouer et Enseigner. Voici quelques exemples de l’application de cette méthodologie dans le cadre du développement affectif.
Réconforter : montrez l’exemple de gestion de vos émotions, aidez-le à se calmer en lui montrant comment se sentir mieux.
Jouer : organisez des sorties avec ses amis pour développer son caractère social, donnez lui l’opportunité de choisir certaines règles pour développer sa confiance en lui.
Enseigner : Donnez des responsabilités à vos enfants pour développer leurs sens des responsabilités, participez à ses activités préférées de temps en temps pour lui montrer qu’il est respecté.
Il existe également de nombreux ouvrages adaptés à la découverte des émotions. La couleur des émotions est celui pour lequel j’ai opté avec mon fils.