Les allergies alimentaires
Très médiatisées et se situant au cœur de débats médicaux, les allergies alimentaires sont en constante augmentation sur les dernières années probablement à cause des modifications de nos habitudes alimentaires, en particulier la consommation d’aliments de plus en plus variés et nouvellement introduits (p. ex. fruits exotiques).
Qu’est-ce qu’une allergie alimentaire ?
Une allergie alimentaire est une réaction exagérée de notre corps face à un aliment qui devrait normalement être inoffensif. Certains aliments sont connus pour être plus allergéniques que d’autres. Voici la liste des 14 aliments les plus souvent incriminés:
- Céréales contenant du gluten
- Crustacés
- Œufs
- Poisson
- Arachides
- Graines de soja
- Lait (et lactose)
- Fruits à coque (noix)
- Céleri
- Moutarde
- Graines de sésame
- Anhydride sulfureux et sulfites
- Lupins
- Mollusques
Les différents types d’allergies
Il est important de séparer les deux types d’allergies possibles.
- Les allergies IgE-médiées sont celles qui sont le plus graves car elle peuvent provoquer des réactions importantes, voire des chocs anaphylactiques.
- Les allergies non IgE-médiées ou de type cellulaires, n’impliquent pas les IgE ou les « immunoglobulines de l’allergie » et se présenteront plutôt chez le jeune enfant sous forme de symptômes digestifs retardés (diarrhées, vomissements).
Les allergies IgE-médiées
Elles se déclarent très rapidement, dans les minutes jusqu’à maximum 2 heures après l’ingestion de l’allergène. Les signes et symptômes peuvent toucher plusieurs systèmes.
Sur la peau, on peut avoir un urticaire, qui se manifeste par des plaques rouges et gonflées qui sont typiquement migratoires (apparaissent et disparaissent pour apparaître ailleurs). Dans les cas plus graves, on peut avoir un angiœdème qui se traduit par un gonflement des paupières, de la lèvre, de la langue et de la gorge pouvant causer des difficultés respiratoires.
Au niveau respiratoire, on peut voir apparaître des difficultés à inspirer au vu du gonflement cité ci-dessus. Il peut y avoir aussi une atteinte pulmonaire sous forme de crise d’asthme.
Au niveau digestif, on aura des maux de ventre, des diarrhées ou des vomissements.
L’anaphylaxie est la forme la plus sévère, pouvant être fatale. Elle combine les manifestations cutanées, respiratoires et/ou digestives et peut mener au choc anaphylactique avec une accélération de la fréquence cardiaque, une chute de la tension artérielle et une mauvaise perfusion des organes qui peut finalement mener à un arrêt cardiaque.
Si votre enfant présente une subite baisse de son état général, des vomissements importants avec un urticaire ou un gonflement des lèvres ou de la langue et/ou des difficultés respiratoires, consultez immédiatement un médecin.
Les allergies non IgE-médiées
Il s’agit de réactions qui surviennent plus tardivement et qui touchent le système digestif. Parmi celles-ci on peut citer plusieurs exemples:
- L’allergie aux protéines de lait de vache de type proctocolite. Elle se présente dans les 6 premiers mois de vie et se présentera par du sang frais dans les selles avec parfois un inconfort ou des maux de ventre, mais un nourrisson en bon état général avec une bonne prise de poids. Elle est sans gravité et se traite par un régime d’éviction des protéines de lait de vache chez la maman si elle allaite ou le remplacement par un lait de formule spécialisé. On observe en général une guérison spontanée permettant la réintroduction de l’aliment.
- L’entérocolite aux protéines alimentaires (Food Protein-Induced Enterocolitis Syndrome: FPIES) se présente par une réaction entre 1 à 4 heures après l’ingestion de l’aliment causal et se manifeste par des vomissements/diarrhées profus qui nécessitent parfois une hospitalisation pour éviter une déshydratation. Une forme chronique existe aussi et se caractérise par des symptômes moins importants mais avec une répercussion sur la prise pondérale.
- L’entéropathie aux protéines alimentaires qui comprend l’intolérance au gluten appelée aussi la maladie coeliaque. Elle se caractérise par une diarrhée chronique et une mauvaise absorption des aliments menant à une perte de poids et une fatigue. Dans ce cas il est obligatoire d’éliminer le gluten du régime alimentaire et il n’est en général pas possible de le réintroduire.
- L’intolérance au lactose qui se caractérise par un ballonnement abdominal et des douleurs à type de crampes. Elle est souvent due à la disparition de l’enzyme capable de métaboliser le lactose. L’éviction des produits laitiers n’est pas obligatoirement radical t peut se faire en fonction des symptômes.
Le saviez-vous : il faut distinguer les allergies et les intolérances, qui sont souvent confondus dans le langage de tous les jours. L’allergie déclenche une réponse immunitaire alors que l’intolérance ne le fait pas.
Qui est à risque d’allergie?
- Les enfants dont un ou plusieurs membres de la famille ont une allergie
- Les enfants souffrant d’eczéma, d’urticaire ou d’asthme
- L’existence d’autres allergies alimentaires
A quel âge se développe l’allergie?
L’allergie alimentaire se déclare typiquement à l’âge de la diversification alimentaire. Toutefois, elle peut se déclarer à tout âge et peut également disparaître avec le temps. Les allergènes typiques pour lesquels l’allergie disparaît souvent spontanément et avant l’âge scolaire sont: le lait de vache, l’oeuf et le blé.
En revanche, les réactions aux arachides, au soja, aux poissons et aux fruits de mer persistent généralement des années, voire à vie.
Comment prévenir les allergies alimentaires?
Pendant longtemps la recommandation était d’introduire les aliments allergènes le plus tardivement possible, c’est à dire entre 6 mois et un an. Actuellement les recommandations ont changé pour préconiser plutôt une introduction précoce dès 4 mois.
En effet les dernières études ont montré une diminution du développement d’allergies alimentaires si les enfants y sont exposés tôt et de façon répétée. Ce même conseil est valable pour les enfants qui sont dans la catégorie à risque (histoire familiale d’allergies par exemple). Il est conseillé d’introduire un aliment à la fois, surtout lorsqu’il s’agit d’introduire les aliments à potentiel allergène.
Lorsque l’enfant reçoit pour la première fois un aliment, il est recommandé de ne pas le donner cru. La cuisson réduit significativement le potentiel allergène des aliments.
L’éviction de certains aliments ou une diète spécialisée durant la grossesse n’a pas montré de diminution du risque d’allergies par la suite.
Le diagnostic
Il est généralement fait chez un allergologue, lorsqu’une allergie alimentaire est suspectée. Il est important d’être à distance de l’épisode allergique afin que les tests ne soient pas faussés. D’ailleurs si votre enfant est sous anti-histaminiques, il faudra les arrêter plusieurs jours avant de faire les tests.
- Test cutané ou prick test : On applique plusieurs goutte d’une solution contenant une petite quantité d’allergène à différents endroits de la peau. Ensuite, à l’aide d’une aiguille, on pique légèrement la peau là où se trouve l’extrait. S’il y a une réaction avec une rougeur enflée de plus de 3mm, le test est positif.
- Tests sanguins : On peut mesurer dans un échantillon de sang la quantité d’anticorps (les « IgE » ou immunoglobulines E) propres à un aliment en particulier.
- Test de provocation. Ce test exige l’ingestion d’une quantité progressive d’un aliment. Il se pratique uniquement à l’hôpital, avec un allergologue.
Les questions que vous nous posez
Certaines études soulignent le caractère héréditaire des allergies. Si c’est le cas, votre enfant aura plus de chances de développer des allergies. Lors de l’utilisation de laits infantiles, privilégiez les laits « HA » (hypoallergéniques). Lors de l’introduction de nouveaux aliments (dans la phase de diversifications), n’introduisez qu’un aliment tous les 3 jours, afin d’évaluer la tolérance de votre enfant à ce dernier.